Page:Artin Pacha - Contes populaires inédits de la vallée du Nil, 1895.djvu/258

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Elle alla chez un teinturier et lui dit : « Teignez-moi de noir et faites-moi négresse ; puis emmenez-moi au marché et mettez-moi en vente. M’offrirait-on mille bourses que vous ne devrez pas me vendre, mais si c’est le fils du Sultan qui me demande, vendez-moi à lui à n’importe quel prix.

C’est ce qui fut fait ; le prince ayant besoin d’une esclave noire en ce moment-là, l’acheta pour trente bourses et la fit amener chez lui par ses domestiques.

Ceux-ci se mirent en route avec elle ; puis, lorsqu’ils arrivèrent à une porte cochère, elle s’arrêta tout court et leur dit de l’attendre un instant, qu’elle allait faire ses besoins et qu’elle reviendrait tout de suite.

Ils s’assirent là et l’attendirent jusqu’au coucher du soleil ; quant à elle, elle s’était sauvée, elle était rentrée chez elle, s’était déshabillée, bien lavée et se reposait.

Dès que les serviteurs furent rentrés au palais, le prince leur demanda où était l’esclave qu’il avait achetée ; lorsqu’ils lui eurent dit la chose, il s’emporta tellement qu’il les battit, et il était tellement irrité qu’il s’éva-