fois il fut emporté, par le courant dont lui-même avait rompu la digue.
La deuxième grande épreuve de la politique lauriériste fut la guerre sud-africaine.
Depuis la conquête des libertés constitutionnelles, jamais personne, au Canada, n’avait songé à réclamer la participation de la colonie aux guerres de la métropole. Le Canada, pays d’expansion intérieure, voulait bien se défendre en toute occasion contre les agressions dont il serait l’objet comme colonie de l’Angleterre, pays d’expansion extérieure, mais son rôle dans le plan de défense de l’empire britannique n’allait pas, ne devait pas aller plus loin : sur ce principe, tous les partis politiques étaient d’accord. Vers 1895, sous l’inspiration de gouverneurs adroits ou seulement audacieux, mais toujours intrigants et toujours obéissant à un mot d’ordre de Joseph Chamberlain, alors ministre des colonies, une Ligue se forme qui réclame vaguement la fédération de l’Empire sur le triple terrain politique, économique et militaire. Aux chauvins anglais, on fait voir le véritable but de la Ligue ; aux partisans du vieux régime autonomiste on dit que leur adhésion ne les engagera à rien. Des journaux jusque-là autonomistes changent subitement d’orientation ; des hommes politiques connus jusque-là pour leurs vues foncièrement nationales, mais encore plus pour leurs appétits personnels, se découvrent tout à coup des tendances centralisatrices. Partout on sent l’action de cette immense fortune que le grand aventurier sud-africain, Cecil Rhodes, vient de léguer à un comité anglais pour la propagation des idées impérialistes.
C’est dans ces conditions qu’éclate, en 1899, la guerre du Transvaal. M. Laurier avait toujours refusé d’appartenir à la Ligue impérialiste ; en quoi il était probablement d’accord avec la grande