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LES RELATIONS DE LA PRESSE…

l’École de Droit. Le journal que je dirige — pour combien de temps je ne saurais le dire — s’honore de compter parmi ses rédacteurs un élève de votre École de journalisme, M. Georges Langlois, un élève de votre École de Droit, M. Jean-Marie Nadeau, un élève des cours de philologie de M. Ferdinand Brunot, M. Boucher. L’utilisation de ces compétences acquises en France est encore assez rare, cependant, soit que les journaux ne s’en puissent pas toujours payer le luxe (qui ne coûte pourtant pas très cher), soit que le sens du journalisme ne s’allie pas toujours avec certaines connaissances essentielles à l’exercice de cette profession, soit enfin que les éditeurs ne voient pas tous, et c’est bien humain, l’avantage matériel de préférer un ancien « Sciences Po » au reporter qui sait relater avec feu, c’est le cas de le dire, mais pas forcément en langues de feu, un bel exploit de sapeurs-pompiers ou, comme ils disent invariablement, de la « brigade des pompiers », quand ce n’est pas tout simplement de « la brigade ». On peut dire que la moitié environ de nos rédacteurs proprement dits ont étudié en France ou fait en France des voyages d’études ou d’agrément, mais que souvent ceux qui n’y ont fait que passer en sont revenus avec les préventions religieuses, morales ou politiques qu’ils avaient contre elle au départ et qu’une observation plus attentive n’eût pas manqué de dissiper. Les journaux canadiens foncièrement gallophobes sont rares : je ne suis pas sûr qu’en cherchant bien on en saurait découvrir un ou deux. De même, du côté français, tous les journalistes n’ont pas disparu qui entre la poire et le fromage vous parlent encore du « Canada, pays de curés », ce qui à leurs yeux est bien la suprême injure. De part et d’autre, une connaissance plus complète de l’autre France n’aurait pas invariablement pour effet d’accorder en tout nos manières de voir, mais elle nous pénétrerait d’une estime mutuelle qui ne saurait que profiter aux relations professionnelles et culturel-