Page:Asselineau - La Double Vie, 1858.djvu/236

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de ma voiture le bruit de la cavalerie, tant il me semblait marcher à une exécution.

Quand j’arrivai, les salons étaient déjà remplis.

Je cherchai des yeux ma baronne ; une place était vacante auprès d’elle, j’y courus. En m’asseyant, je fus comme foudroyé par une révélation singulière : le salon où je me trouvais était identiquement semblable à celui que j’avais vu en rêve quelque temps auparavant ; tout, jusqu’aux accidents de la lumière, à la disposition des groupes, coïncidait avec mes souvenirs. Je reconnus même certains visages que j’étais assuré de n’avoir jamais rencontrés ailleurs que dans mon rêve. Enfin la place que j’occupais auprès de Lydie, sa toilette, étaient celles que j’avais occupée, que je lui avais vue.

Quelque chose ou quelqu’un le voulait donc ?

Une dernière circonstance me restait à vérifier, avant de prendre une détermination : Gatien était-il là, viendrait-il ? Essayerait-il de jouer, et sa prétention tournerait-elle à sa honte ? Telles étaient les pensées qui m’occupaient, tandis que ma voisine, étonnée de l’état où elle me voyait, surprise plus encore de n’obtenir aucune réponse aux paroles que probablement elle m’adressait, me considérait avec une sorte de crainte. Gatien parut. Je ne sais si ce fut l’effet de ma préoccupation, mais il me sembla que son visage était pâle, sa contenance embarrassée. Il s’assit néanmoins et promena ses doigts sur les touches. Le silence se fit. Deux ou trois fois mon