Page:Asselineau - Le Livre des ballades.djvu/196

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Jeunes beautez qui tendez vos filets,
Chaſſez bien loin cette engeance maudite
De jouvenceaux, quand près des beaux objets
D’être indolent chacun ſe félicite.
Je ſent l’amour ſans faire l’hypocrite,
Et le ſers mieux qu’un de ces étourdis ;
Mais ſi pour vous aux ſoins je m’habituë,
Don de mercy j’auray toujours eu vûë,
Car j’aime encor comme on aimoit jadis.

Quand jeunes cœurs ſe trouvent ainſi faits,
Preſent meilleur à Dame on ne débite.
Cœurs de barbons peuvent être coquets.
Le diable eut tort quand il ſe fit hermite.
Si ma perſonne à tendreſſe n’invite,
Mes ſens au moins point ne ſont refroidis.
Par aucuns maux mon humeur n’eſt bourruë,
Et peu nten chaut, ſi j’ay teſte chenuë,
Car j’aime encor comme on aimait jadis.


Envoy.


Fils de Venus ſonge à tes interêts,
Reprends l’encens, & rends les camouflets,
Accorde à tous que ce train continuë,
Nous reverrons le ſiecle d’Amadis ;
Et ſi jamais Dame d’attraits pourvûë
A m’enflamer ſe trouve parvenûë,
Je l’aimerai comme on aimait jadis.