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III

LE CAPITAINE CHAMBARD


Avez-vous connu le capitaine Chambard de la 6e du 5e du 7e léger, le plus beau régiment de France, — celui que le vieux Bugeaud, qui s’y connaissait, appela « Fer et Bronze » le soir de la bataille d’Isly ?

Vous savez pourquoi ?

Si vous ne le savez pas, je vais vous le dire, comme le fusilier Brossapoil, le plus ancien de la compagnie, me l’a raconté lui-même trois jours après mon arrivée au corps. Ça me coûta deux litres de la mère Mouilletrou, la cantinière, femme cupide, qui vendait neuf sous son vin qu’elle achetait quatre sous ; mais je ne regrette pas mes deux litres, dont Brossapoil avala les trois quarts, ni mes dix-huit sous, qu’il me laissa payer tout seul.

La science, voyez-vous, la science, ça ne peut jamais se payer trop cher.

« Donc, ce jour-là (celui de la bataille d’Isly), plus de trente mille Marocains à cheval vinrent se jeter au galop sur le 7e de ligne. Une vraie fantasia, quoi ! Chacun tirait son coup de fusil ou de pistolet sur notre carré sans viser, faisait demi-tour et se sauvait à un quart de lieue, de peur d’être embroché par nos baïonnettes. Nous, sur trois rangs, sans nous