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profiter de l’élan de victoire pour éliminer le dernier grand rival ? L’idée d’une lutte nécessaire à entamer quelque jour contre les États-Unis était déjà dans l’imagination japonaise plus d’un an avant que naquît l’incident des écoles. Comment dès lors la guerre a-t-elle été évitée au cours de cette année de crise ?

Ce n’est pas faute que de vieux griefs n’aient été amèrement évoqués. Les Japonais ont rappelé la fin de non-recevoir énergique qui fut opposée à leurs protestations, lors de l’annexion des Hawaï, — si énergique qu’elle leur ôta l’envie de protester aussi fort contre l’occupation des Philippines :

Les Américains appliquent la doctrine de Monroe, lorsque les besoins de leur pays l’exigent. L’impérialisme américain ne diffère pas de l’impérialisme allemand[1]… Aux États-Unis, c’est la république ; en Russie c’est l’absolutisme ; toutefois le caractère des deux peuples paraît identique : le centre du monde c’est eux ; y a-t-il quelque bénéfice à récolter ? Ils veulent l’accaparer. Une fois leurs desseins arrêtés, ces deux peuples vont droit devant eux, sans se gêner le moins du monde, écrasant au hasard les résistances. Les Américains nous semblent même en cela surpasser les Russes[2].

Parce que les Américains ont volé les Philippines, ils peuvent croire que nous aussi nous voulons confisquer la Mandchourie. Les États-Unis disent que le tarif douanier du Japon a été inspiré par des sentiments xénophobes, c’est pourquoi il est si dur. Notre conduite ne diffère pas de la conduite des États-Unis qui frappent les produits japonais de taxes exorbitantes[3]

  1. Yorodzu Chôho, 27 septembre. L’Esprit de conquête des Américains.
  2. Toyo Keizai Shimpo, n° 389.
  3. Tôkyô Keizai Zasshi, 3 novembre. Les États-Unis, hier bons, aujourd’hui mauvais.