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III

Socialement, politiquement, les Américains sont encore maîtres des îles ; mais garderont-ils le meilleur ? Jusqu’ici les Asiatiques, vivant à part, sont restés sans influence sur les institutions, les lois, les coutumes, le langage des Occidentaux : ils forment un empire dans un empire, et ne se laissent pas entamer.

Mais les Japonais, en limitant pour les Blancs les chances d’emploi, ont empêché que ne se forme au milieu du Pacifique une forte communauté américaine. Si les Hawaï étaient encore un territoire vierge, si King Sugar n’y avait pas des droits acquis, on prendrait grand soin qu’aucun corps jaune ne se glissât dans la société nouvelle. Par leur seule présence les Japonais créent un milieu psychologique qui ne réussit guère aux Blancs, — au lieu d’une égalité démocratique, une hiérarchie aristocratique : tout en bas les Asiatiques, à mi-chemin les Porto-Ricains et les Portugais, les Américains au pinacle. Pour les ouvriers blancs, les îles sont un lieu d’exil ; la vie à côté des Jaunes leur donne le malaise. Point de mariages mixtes : contraindre légalement tous les