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politique ? Jusqu’à présent, la population japonaise née dans les îles ne paraît pas s’y fixer beaucoup plus que les émigrants venus du Japon. Des familles entières s’en vont en Californie ou retournent au Japon, sans se préoccuper de préserver pour leurs enfants ce droit de devenir citoyens américains. Du 1er juillet 1902 au 31 décembre 1905, 4 529 Japonaises et 3 580 enfants, — la plupart nés dans les îles, — quittèrent les Hawaï.

Mais les Japonais sont en train d’acheter et surtout de louer des terres. Comme beaucoup de ces locations sont faites pour dix et vingt ans, il est probable qu’ils feront venir leurs familles. Leurs enfants nés dans les îles pourront devenir électeurs. Or, en 1902, il n’y avait aux Hawaï que 12 550 votants, la plupart Hawaïens et Américains. Que dans quelques années ces Japonais nés dans les îles réclament le titre de citoyens, et le total de leurs voix, — qui ne sera point diminué, comme les voix nouvelles des Américains, par la mort d’anciens électeurs, — peut leur permettre de contrôler le gouvernement du territoire, en se servant des institutions démocratiques qu’ont établies les Américains. Forts de leur solidarité de race, ils peuvent faire bloc, tout en restant étrangers aux institutions et aux traditions américaines, car ils restent fiers d’être Japonais ; ils continuent d’aimer et de regretter au loin leur terre japonaise ; ils savent que le Mikado et son gouvernement ne les perd pas de vue et qu’il entend les conserver comme sujets. Émigrants patriotes, ils ne cessent de se tourner vers le Japon ; entre eux ils reconstituent un nouveau Japon qui garde fidèlement les mœurs et les sentiments nationaux. Ils ne sont pas pour l’américanisme