Page:Aucoc - L’Institut de France et les anciennes Académies.djvu/35

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le gouvernement, après avoir déclaré que « le fauteuil académique devait être renversé », il glissait dans son rapport quelques lignes qui annonçaient le projet d’une création nouvelle, celle qui devait remplacer les institutions détruites. Il est intéressant d’en reproduire les termes : « Citoyens, détruire est chose facile, et c’est moins en supprimant qu’en créant que le législateur manifeste sa sagesse ; la vôtre éclatera dans les mesures que vous prendrez, pour que, du milieu des décombres, le sanctuaire des arts, s’élevant sous les auspices de la liberté, présente la réunion organisée de tous les savants et de tous les moyens de science ; votre comité d’instruction publique doit incessamment vous développer ses vues à cet égard. »

Et comme s’il avait déjà créé au lieu de se borner à détruire, le rapporteur terminait par un élan d’enthousiasme :

« La toute-puissance nationale a des moyens immenses pour attiser le feu du génie, diriger ses élans vers le bonheur social, et le faire planer sur l’horizon français entre la liberté et la vertu. Avec peu de dépenses vous pouvez être bientôt la nation enseignante de l’Europe, à laquelle vous aurez ouvert de nouvelles routes, et rendre les étrangers tributaires de l’industrie et des connaissances nationales. Alors la France sera la métropole du monde savant ; alors votre langue, qui est la langue des sciences, qui a déjà servi à la rédaction originale d’un traité entre les Turcs et les Russes, en faisant de nouvelles conquêtes, en fera faire à vos principes. Le temps, qui ronge les hommes et les empires, entraînera dans sa course majestueuse les restes de la superstition, des préjugés, ces lèpres de la raison ;