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il dévorera les trônes et les tyrans ; mais il consolidera la République. Ainsi la France actuelle transmettra à la France future le dépôt des connaissances humaines, les titres de la liberté, les monuments de sa gloire ; et ce sera votre ouvrage. »

Nous ne nous excuserons pas d’avoir donné de si longs fragments de ce rapport. Il y a des états d’esprit qu’on ne peut faire comprendre par l’analyse d’une œuvre. Il faut d’ailleurs qu’on puisse comparer ce langage à celui qui sera tenu deux ans plus tard, à la Convention, par Boissy d’Anglas et Daunou, et devant l’Institut par le ministre de l’intérieur du Directoire.

Nous pouvons être plus bref pour le discours de David. Depuis la Révolution, David était à la tête du parti de l’opposition dans l’Académie de peinture. Aussi il saisit cette occasion pour « prouver le tort que les Académies font à l’art même, combien elles sont loin de remplir le but qu’elles se sont proposé, pour démasquer l’esprit de corps qui les dirige, la basse jalousie des membres qui les composent, les moyens cruels qu’ils emploient pour étouffer les talents naissants, et les vengeances monacales qu’ils mettent à toute heure en usage, si par malheur le jeune homme qu’ils poursuivent a reçu de la nature un talent qui le met hors d’atteinte de leur tyrannique domination.

« … Talents perdus pour la postérité, grands hommes méconnus ! s’écrie-t-il ; je vais apaiser vos mânes dédaignés. Vous serez vengées de votre malheur, illustres victimes des Académies ! »