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passions pendant ta jeunesse : que les hommes froids s’en souviennent, mais l’ange de la sensibilité, en inscrivant tes erreurs sur la page noire du registre de tes actions, les aura effacées avec des larmes. Aurais-tu manqué d’avocats au pied du grand tribunal, toi dont la vie a été consacrée à la défense de l’humanité souffrante ? »

M. Vallières de Saint-Réal eut pour successeur à la Chambre M. Duval, une autre belle figure, qui devait à son tour devenir juge en chef de la province, et illustrer sa race.

Sir John Colborne avait suspendu M. Vallières de ses fonctions, non pas pour avoir refusé l’habeas corpus, comme le dit M. Bédard, mais bien pour avoir jugé ultra vires l’ordonnance du Conseil spécial qui suspendait l’opération d’un statut impérial. M. Vallières fut réinstallé dans ses fonctions judiciaires par lord Durham, qui le nomma aussi membre de l’Exécutif, le 28 juin 1838 ; mais il dut démissionner au départ de ce Gouverneur, le 2 novembre suivant.

Rendant compte de l’exercice de ses pouvoirs au Ministre des Colonies, lord Durham écrivait : « La constitution de la Cour d’appel étant réglée sur l’Acte constitutionnel, je ne pouvais investir aucun autre corps que le Conseil exécutif de la juridiction en appel. J’appelai donc au Conseil exécutif le juge en chef et un des juges puinés de chaque district ; et, en nommant aussi le juge des Trois-Rivières, je donnai aux membres des deux tribunaux en conflit un arbitre impartial dans la personne de M. Vallières de Saint-Réal, que tout le monde reconnaissait pour le plus habile jurisconsulte français de la province. »[1].

L’honorable M. Vallières de Saint-Réal continua d’exercer les fonctions de juge sous l’Union, jusqu’au 1er juin 1842, lorsqu’il fut promu juge en chef de la Cour du banc du roi à Montréal.

Cet homme distingué mourut à Montréal, le 17 février 1847. Huit jours plus tard, M. Antoine Gérin-Lajoie, alors étudiant en droit, prononçait son éloge devant l’Institut Canadien de

  1. Cité par M. Bibaud, « Panthéon Canadien. »