Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/179

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son évêché, Palissy rassemblait dans sa maison quelques dévots, et, en l’absence de tout ministre, prêchait et lisait la Bible. C’est ce qui l’a fait mettre par Agrippa d’Aubigné au nombre des ministres de l’Église réformée à Saintes. « Cette réputation, dit Gobet (page 21), lui causa beaucoup de chagrin. On croit effectivement entendre un quaker vertueux qui va monter en chaire, lorsqu’il laisse entrevoir ses sentiments religieux. »

Palissy lui-même donna lieu à cette erreur. Voici ce qu’il raconte (page 106) : « Il y eust en ceste ville un certain artisan, pauvre et indigent à merveilles lequel auoit vn si grand desir de l’auancement de l’Evangile, qu’il le demontra quelque iour à vn autre artisan aussi pauure que luy et d’aussi peu de sauoir : car tous deux n’en sauoyent guère : toutesfois le premier remonstra à l’autre que, s’il vouloit s’employer à faire quelque forme d’exhortation, ce seroit la cause d’vn grand fruit ; et combien que le second se sentoit totalement desnué de sauoir, cela luy donna courage : et quelques iours apres, il assembla vn Dimanche au matin, neuf ou dix personnes, et parce qu’il étoit mal instruit ès lettres, il auoit tiré quelques passages du vieux et nouueau Testament, les ayans mis par escrit. Et quand ils furent assemblez, il leur lisait les passages ou authoritez. »

Il est probable que le narrateur se désigne lui-même par ces mots : « un artisan, pauure, indigent à merveille, qui avoit vn grand désir de l’avancement de l’Évangile. » Et, comme l’a remarqué Gobet, il a conservé dans ses ouvrages quelque chose de cette