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Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/291

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Quand il ne fut plus là, à peine mettent-ils de temps en temps une couleuvre, une salamandre ou un lézard, tout juste ce qu’il en fallait pour conserver à leurs ouvrages le nom de rustiques figulines, désormais consacré par l’usage et la mode. Enfin, peut-être dut-il lutter contre une fabrique rivale, qui ne craignait point les personnages dans ses compositions. Aussi le maître commença-t-il dès lors à introduire la figure humaine dans les siennes. Mais il était peu exercé dans ce travail tout nouveau. Le temps lui manquait d’ailleurs peur s’y livrer et y acquérir l’habileté nécessaire. Il s’adjoignit donc des ouvriers intelligents, des artistes capables : les uns lui fournissaient ses patrons ; ceux-là lui fabriquaient les matrices de ses moules. Ainsi faisait-on déjà pour les émaux de Limoges et les faïenceries italiennes. On connaît quelques cartons de Baptiste Franco, et d’autre part M. Fillon possède douze cartons d’Estienne de Laulne, représentant l’histoire de Joseph, qui ont dû servir à des émailleurs français de la seconde moitié du seizième siècle. La production des fours de maître Bernard était ainsi plus rapide. Était-elle meilleure ? C’est alors que le sculpteur Barthélemi Prieur, « homme expérimenté ès-arts, » dit Palissy, lui prête sa Madeleine. Elle est en prières, agenouillée, occupant presque toute la surface du plat. Ses jambes et ses bras sont nus, reste de coquetterie ; le fond est semé de rocailles, fougères et coquilles. Cette pièce, qui est unique a 0m,29 de hauteur sur 0m,50 de largeur. On la voit au Louvre. La Monographie l’a dessinée à planche XIV,