Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/368

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la mer se comprend naturellement dans l’hypothèse d’actions chimiques. »

N’est-ce pas la théorie de Palissy, à part ses quatre substances, qu’il faut remplacer par une décomposition chimique ? combien de temps a-t-on mis pour y arriver ! par quels détours a-t-on passé ? et encore, cette idée n’est-elle pas la plus scientifiquement et la plus généralement admise !

En 1708, Jean-Jacques Scheuchzer, professeur de physique et d’histoire naturelle à Zurich, soutenait après Palissy que Dieu soulevait les montagnes pour dessécher les eaux du déluge, et qu’il les avait créées fortes afin qu’elles se pussent tenir debout.

Et Descartes, dans ses Principes de la philosophie, il nous raconte comment des deux éléments qui composent le feu, l’un, se trouvant chassé par une force quelconque, va rejoindre l’autre, et produit ainsi un incendie dans l’intérieur de la terre. Puis, que les tremblements de terre et les volcans sont causés par les exhalaisons qui, trop agitées pour se convertir en huile, composent dans des cavités pleines d’air « une fumée grasse et épaisse qu’on peut comparer à celle qui sort d’une chandelle lorsqu’elle vient d’être éteinte. » Si le feu arrive, la fumée s’enflamme, pousse les parois de la caverne, et voilà la terre qui oscille. Après ce bel exploit, la même flamme entr’ouvre le sommet des montagnes, endroit plus facile à soulever, et voilà les volcans. Je le demande : en voyant Descartes lui-même tomber dans de telles hérésies, ne doit-on pas pardonner à Palissy quelques bévues, et admirer ses grandes découvertes ?