Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/402

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ceau, c’est le sel. On a d’abord tenté de sourire quand on entend Bernard Palissy exposer gravement que « le sel blanchit toutes choses... aide à la veüe et aux lunettes... donne ton à toutes choses... aide à la voix de toutes les choses animées, voire à toutes espèces de métaux et instruments de musique. » Mais on aurait tort. Le sens du mot sel est généralisé plus qu’on ne l’avait fait jusque-là. La langue seule cause ces rapprochements grotesques. La langue chimique n’existait pas alors, pas plus que la chimie elle-même. Palissy dut tout créer. Ce sel dont il parle n’est pas le sel commun. Ce n’est autre chose que l’affinité et la cohésion. Mais il n’en pas une idée bien précise et bien nette. Le système est flottant. Au commencement il semble indiquer que c’est une substance soluble dans l’eau comme la potasse ou la soude, ayant une saveur, peut-être une odeur. C’est pour lui la base des substances minérales et végétales. Pour les animaux mêmes, c’est le principe de la génération. Il entrevoit, en effet, l’action du phosphore, qui est un corps aphrodisiaque. Déjà Horace, avant lui, dans sa Satire VI du livre II, vers 30, avait appelé les coquillages lubrica conchylia, confirmant ainsi ce que le potier dit des huîtres ; et Plutarque dans la traduction d’Amyot raconte « que les prêtres égyptiens, qui sont chastes et vivent saintement, s’abstiennent de tout sel. »

À la fin, Bernard Palissy dit du sel en propres termes : « C’est un corps inconnu et invisible comme un esprit. » M. Duplessy lui reproche durement cette contradiction qui se trouve, écrit-il, à trois lignes