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Florence furent donnés, pour son voyage, son séjour et son retour, 80 sequins ; à celui qui doit aller à Vienne, 50.

On a promis à l’un et à l’autre 100 sequins, une fois la chose faite, all’opera fatta, et à chacun fut donnée la chose propre à enlever du monde, togliere dal mundo, lesdits hommes. »

Les risques à courir étaient considérables. On comprend très-bien que l’ambassadeur français à Venise, chargé de débaucher des artisans pour une manufacture de glaces, écrivit à Colbert qu’il s’exposait à se faire jeter à la mer.

Enfin, en supposant que Palissy eût pu facilement apprendre en Allemagne ou en Italie, sans tant de frais, de temps et de peines, le secret qu’il mit quinze ans à découvrir, encore fallait-il faire ce voyage. Or, maître Bernard ne le pouvait. « Chargé de femme et d’enfants, » il devait pourvoir à la subsistance de chaque jour. Que fût-il advenu s’il eût planté là son « mesnage pour aller apprendre le dit art en quelque boutique » (page 310) ? La nécessité l’attachait au logis. Il dut donc tout faire, tout créer par lui-même, sans « aucuns seruiteurs qui pussent faire quelque chose pour l’amener au chemin de l’art susdit. » Examinons en effet la marche qu’il suit, les moyens qu’il emploie ; et nous y remarquerons les tentatives exactement définies d’un inventeur qui cherche et qui « taste en ténèbres. »

Palissy ne connaît aucune des matières dont se compose les émaux ; il n’a même jamais vu de terres argileuses. Il prend donc toutes les substances qu’il