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un si bel habit on pouvait avoir une si grosse faim. Bedkandir en resta muet. Son hôte ne parlait guère plus. Les aboiemens du chien troublaient seuls le silence ; ce chien, inhabile à distinguer le riche du pauvre, s’étonnait que pour la première fois il n’eût point sa part du repas.

La faim de l’inconnu étant apaisée, il se mit à examiner le lieu où il venait de rencontrer l’hospitalité. L’ameublement lui en parut si simple, qu’il s’écria en élevant les yeux vers le ciel : « Ô Mahomet, quelle misère ! » Bedkandir, qui, ne connaissant pas la richesse, ignorait la pauvreté, prit l’exclamation de l’étranger pour un remercîment. Plein d’un zèle plus chaleureux encore, il courut chercher une natte, l’étendit, la couvrit de feuilles, puis après s’éloigna pour laisser goûter à son hôte un sommeil de paix.

Vers le soir l’un dormait encore, l’autre jouait avec son chien, lorsqu’une foule d’hommes, suivis de douze chameaux pesamment chargés, se présentent inopinément à la porte de la chaumière. Au bruit confus de leurs voix, l’inconnu se réveille. Il se mon-