Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 90 —

tre ; à son aspect, ces hommes poussent des cris de joie, tombent à ses pieds, baissent leur front dans la poussière. Bedkandir, dont les genoux ne fléchissaient jamais que devant le soleil pour le remercier d’être venu, ou devant la tempête pour la conjurer de s’en aller, Bedkandir les regarde. Sa surprise n’échappe point à l’étranger qui lui dit en souriant : « Ce sont mes esclaves, ils ont sauvé mes chameaux et mes trésors. — Tes esclaves ! — Oui ; pourquoi cette exclamation ? N’as-tu donc ici aucun homme qui t’appartienne ? — Hélas ! non ; je n’ai que mes chèvres et mon chien. »

Alors l’étranger raconte qu’ayant voulu guider lui-même un convoi de caisses d’or que ses chameaux transportaient vers les lointaines provinces de l’empire, les barbares Usbecks l’avaient audacieusement attaqué, lui laissant à peine le temps d’ordonner à ses esclaves de se faire tuer pour qu’il pût fuir ; mais il n’échappait au fer que pour rencontrer la faim ; la faim n’est pas moins impitoyable. Bedkandir de moins dans le monde, il périssait. « Jeune pâtre, connais