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son cheval et ses chèvres étaient ses compagnons et ses amis. Dans son inquiétude, il traverse la foule en tout sens, ouvre vingt fois la bouche sans oser parler, car chacun l’évite ou détourne la tête. Enfin il rencontre un vieillard dont le maintien modeste l’enhardit ; il s’approche, hésite, dit quelques mots, se tait… ô bonheur ! la réponse arrive, la conversation s’engage ; c’en est fait, Bedkandir dans Ispahan n’est plus un étranger.

Il apprend du vieillard qu’il est oncle d’Abenhazir, qu’il se nomme Zahou. « Quoi, lui dit Bedkandir, tu es de sa famille, et il ne te parle pas ? — C’est que je suis un certificat vivant et irrécusable de l’obscurité de sa naissance ; sans moi il se donnerait peut-être des aïeux, lui, fils d’un tisserand. — Je ne te comprends pas, je ne sais pas ce que c’est que des aïeux, je n’en ai jamais vu. Informe-moi seulement pourquoi tu viens chez Abenhazir. — Si je cessais d’y paraître, il m’accuserait partout d’être un mauvais parent, et on le croirait. Chose singulière ! ma présence le gêne et lui est nécessaire. Elle le