Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 102 —

prophète ? — Il n’est pas même de notre religion, son culte est proscrit ; pas même de notre patrie, il n’en a point. Citoyen parasite, il vit chez toutes les nations, jamais dans la sienne. — Le sait-on ? — Personne ne l’ignore. — Et l’on se prosterne quand il paraît. Qu’a-t-il donc de particulier ? — Ce qu’il a ? ce que tu n’as pas, jeune homme, ce que tu n’auras jamais. »

La surprise du pâtre le rendait immobile. Ses yeux étaient comme attachés sur Ocktaïr. Il cherchait à découvrir ce qui dans un tel personnage attirait l’hommage des hommes. Il aurait donné sa bourse pour savoir ce qu’avait Ocktaïr et ce que lui Bedkandir n’avait pas. En vain creusait-il sa pensée ; la seule chose qui le frappât dans le bossu, c’était sa bosse ; elle était en effet très-remarquable. Il se mit à la mesurer avec des yeux complaisans, envieux peut-être.

Les apprêts du repas purent seuls le distraire.

Les esclaves ont étendu sur le marbre des pavés un tapis où mille ornemens capricieux se dessinent en arabesques, et tout au-