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tour de ce tapis cent coussins moelleux tracent un vaste cercle pour un nombre égal de convives. Les flacons abondent ; ils versent au son des instrumens, aux éclats de la joie, les vins dorés du Korosan ; les mets se pressent et se multiplient. Pour orner une seule table, les mers ont laissé fouiller leurs abîmes, les bois leur profondeur, et l’aile des oiseaux n’a pu les mettre à l’abri dans les vastes plaines de l’air. L’or du riche est une baguette magique qui lui soumet l’univers. Oh ! comme parmi les convives les bruyans propos circulent avec l’appétit et le redoublent ! comme Abenhazir les encourage et les anime par son regard et son sourire ! Il sait, Abenhazir, qu’un festin ne serait qu’une aumône, si la figure riante de celui qui le préside n’en faisait un don de bienveillance et d’amitié. Ce n’est pas tout : dans cette féerie il faut que tous les sens aient leur part d’ivresse ; aussi dans vingt réchauds d’argent brûlent les aromates de Karagir dont le parfum remplit la salle du festin d’un brouillard embaumé ; aussi de jeunes filles voilées mêlent leurs chants mé-