Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 115 —

impôts, moyennant qu’on lui en abandonnât la totalité, et le roi, par reconnaissance, l’avait élevé au poste de nedim, ce qui veut dire compagnon du prince. Le nouveau nedim parlait peu ; mais dès qu’il ouvrait la bouche, l’assemblée frémissait de plaisir, et si par hasard il s’adressait à quelqu’un, celui-ci, dans sa joie, se courbait jusqu’à toucher du nez le tapis. C’est la manière la plus spirituelle de répondre à nos supérieurs ; c’est celle du moins qu’ils comprennent le mieux.

Cette journée fut pour Bedkandir un sujet inépuisable de réflexions. Il alla jusqu’à s’imaginer, tant son esprit était saisi d’une sorte de vertige, que les bossus dans Ispahan étaient des êtres privilégiés. En effet, Abenhazir, parmi ses convives, ne comptait qu’un bossu, c’était Ocktaïr, et pour lui étaient tous les hommages. Cette idée, qui passerait pour de la folie chez un autre, n’avait chez lui rien que de très-naturel. Comment pouvait-il soupçonner que la véritable bosse d’Ocktaïr était dans son coffre-fort ? Ce n’est pas la solitude qui, pour de