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s’attachent sur elle. « Ne trouves-tu pas ce jour bien pur ? lui dit Amadia. — Oh ! répond le jeune pâtre éperdu, il y a quelque chose de plus pur encore dans l’univers : c’est ton âme. » Amadia baissa son voile pour cacher sa rougeur. Ses femmes et ses esclaves la rejoignirent ; elle se plaça dans un palanquin, et disparut. Bedkandir, immobile, crut perdre une seconde fois le jour et la liberté.

Des cris affreux l’arrachent à sa rêverie. Le peuple accourt en tumulte. « Aux armes ! aux armes ! crie-t-on de toutes parts ; aux armes ! les Usbecks fondent sur nous. » La ville est sans défense. Au milieu de cette foule éplorée, Bedkandir aperçoit Zahou. Il vole vers le vieillard. « Où vas-tu, lui dit-il ? — Mourir pour épargner à mes yeux le désastre et la honte de notre cité. Nos visirs ont usé leurs forces contre nous ; ils n’en ont plus contre l’ennemi. Une poignée de ces brigands suffit pour mettre tout en fuite. — Mourir ! toi ? Si j’ai sauvé Abenhazir qui m’était inconnu ; si, tout ingrat qu’il s’est fait, je donnerais encore pour lui mon sang,