Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

teurs a suffi pour encourager leur succès et leurs avances de capitaux, et pour procurer par une habile protection accordée à l’indépendance de leurs mouvements, comme à la puissance de leurs efforts, l’abondance et le bon marché des produits.

Aucun département ne consentirait d’ailleurs à se priver entièrement des dispositions tutélaires d’une législation prévoyante qui a fait prospérer son agriculture, son industrie manufacturière et sa marine marchande.

Aucun port, même en dépit de quelques vaines protestations dirigées contre les garanties données à de si grands intérêts, ne voudrait renoncer lui-même à ses droits différentiels de navigation et ne serait assez aveuglé par son stérile profit local pour réclamer la suppression du tarif des douanes car il craindrait sans doute de tarir aussitôt la source des produits français qui alimentent ses transports et ses échanges, et de se réduire en définitive au seul commerce des marchandises du dehors, nécessairement très-dépréciées par un appauvrissement intérieur qui élèverait les plus bas prix au-dessus des facultés de nos consommateurs dépourvus des salaires et des bénéfices du travail actif de nos industries.

Aucune grande nation et surtout la nôtre qui, par la puissante unité de son système organique et par l’inébranlable cohésion de tous les éléments de son existence, pour ainsi dire individuelle, peut satisfaire avec les ressources de son propre marché tous les besoins de sa nombreuse population, ne se mettra d’elle-même à la merci de l’étranger, pour l’approvisionnement de sa nourriture, pour la fabrication de ses armes et pour la possession certaine du précieux combustible qui distribue le mouve-