Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/229

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fluence morale, par des suggestions menaçantes, enfin par le spectacle affligeant des nouvelles manumissions ajoutées aux nombreux affranchis se traînant déjà, sous les yeux de leurs anciens frères paternellement soutenus, d’une incurable fainéantise à cette intempérance habituelle qui les conduit rapidement à la misère et à la mort.

« Pouvons-nous sans témérité, dans une aussi grave conjoncture, appeler l’inexpérience de l’esclave à la prévoyance et à la responsabilité d’une personne civile qui acquiert, qui conserve et qui transmet son héritage, avant même que la famille du noir soit régulièrement et légalement constituée ? Pouvons-nous, sans entraîner un être aussi faible à sa perte, le détacher presque entièrement du soutien providentiel qui étaye toute son existence, pour lui présenter une protection étrangère qui revendiquera sans cesse ses droits incertains, avec une hostilité dangereusement armée, contre son maître, de rigueurs judiciaires et administratives ?

« Je ne saurais consentir à braver, sans plus attendre, tant et de si graves périls à semer des germes de discorde et de haine dans le sein d’une famille patriarcale où tout se maintient et prospère encore par la soumission et par le dévouement ; à éteindre tout sentiment de la patrie dans les cœurs de populations lointaines exposées aux entreprises jalouses de l’étranger ; à sacrifier les deux tiers de notre navigation marchande et l’échange avantageux de 100 millions de nos produits ; à voir s’évanouir les plus belles espérances de notre force navale enfin à favoriser aux dépens du monde commercial, et surtout de la France, et au profit d’une nation rivale, une grande