Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tions. La juste proportion qui doit exister entre les impôts directs et les droits indirects a déjà été détruite par la réduction de la taxe des boissons, par la longue immunité du sucre indigène, par l’abandon des salines domaniales de l’Est, par la suppression des produits des jeux et de la loterie. Ces diminutions successives ont privé le Trésor d’une ressource annuelle de plus de 100 millions ; tandis que les tributs payés par la propriété, soit à l’État, soit aux départements, soit aux communes, ont été augmentés d’une surcharge au moins équivalente.

« En jetant les yeux sur le budget de chaque exercice, on se convaincra de cette imprévoyante disproportion des impôts directs, qu’il importerait de ménager pour les temps difficiles, avec les taxes de consommation dont le développement ne saurait être trop favorisé dans les jours prospères où l’activité du travail accroît l’aisance de la société.

« Les premiers, parvenus à 650 millions, font supporter directement aux personnes et aux propriétés une charge inévitable qui dépasse la moitié des revenus publics ; les secondes, montant à 360 millions, en représentent à peine le tiers, avec le bénéfice de la fabrication des tabacs.

« Un pareil partage ne saurait se justifier à une époque où la division des héritages, la charité du propriétaire du sol et l’épargne des classes laborieuses ont fait de la fortune immobilière le bien du pauvre encore plus que celui du riche, et du travail agricole la ressource providentielle de l’indigence.

« Cette situation anormale commande à tous les pouvoirs de résister avec persévérance aux agressions d’un