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silhouettes parisiennes

plus qu’une vertu, c’est une émanation même de la Divinité.

Dire qu’un homme est bon, ce n’est certes pas faire de lui un éloge banal, c’est lui adresser la plus haute des louanges.

La bonté met au front de celui qui la possède une sorte d’auréole, elle fait naître la sympathie, elle provoque l’admiration ; et cette chose, qu’on croirait vulgaire, est si rare que j’ai beau évoquer en mon esprit le souvenir des personnalités qui ont laissé un sillon lumineux après elles, je ne trouve que Jésus, Vincent de Paul et Victor Hugo méritant l’épithète de bon.

Voltaire avait de l’intelligence, de l’esprit. Mais il lui manquait le meilleur de tous les esprits, celui d’être bon.

Corneille avait un puissant souffle dramatique, mais ce n’était qu’une âme médiocre. Racine est devenu dévot, mais jamais bon. Chateaubriand avait l’âme d’un dévot romain, mais non l’âme d’un chrétien de Jésus.

Lamartine aimait tant sa personne et sa gloire que le temps lui a manqué pour aimer l’humanité.