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Victor Hugo

Alfred de Musset était un esprit brillant, une passion ardente, mais non une âme bonne.

Victor Hugo, étant bon, a compris toute la grandeur de la bonté. Aussi, dans son Regard jeté dans une mansarde, voici ce qu’il dit :

«c Sois bonne. La bonté contient les autres choses. Le Seigneur indulgent sur qui tu te reposes Compose de bonté le penseur fraternel. La bonté, c’est le fond des natures augustes. D’une seule vertu Dieu fait le cœur des justes Comme d’un seul saphir la coupole du ciel. »

Si je ne croyais pas fermement à la réincarnation, c’est-à-dire aux vies successives, Victor Hugo me donnerait le pressentiment de cette vérité, car avec la croyance d’une seule vie pour mériter le ciel ou l’enfer, on serait forcé d’accuser Dieu d’injustice et de partialité. Croyez-vous que ce soit le milieu et l’éducation qui aient formé l’âme perverse de Néron, celle de Troppmann, et l’âme de saint Vincent de Paul et celle de Victor Hugo, cet autre saint Vincent de Paul des enfants ? Croyez-vous ces âmes d’essence pareille ? Non, elles sont d’essences autres. Dieu serait donc partial en créant des âmes bonnes et des âmes perverses. Père pour