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silhouettes parisiennes

les unes, il ne serait qu’un parâtre barbare pour les autres.

La vérité spirite est celle-ci, et elle doit être la vraie. Dieu crée toutes les âmes semblables, diamant brut qu’il faut polir, bloc de marbre informe, que le ciseau doit transformer en statue, en œuvre d’art.

Les vies successives sont pour l’âme ce qu’est le ciseau pour le marbre : elles sont les creusets où les âmes s’épurent. La souffrance est la grande loi divine qui doit élever l’âme à Dieu, la sortir du mal pour la jeter dans le bien, la dégager de la matière pour l’élever vers les régions divines, Victor Hugo, par des vies antérieures, par des maux soufferts, des luttes soutenues, des efforts énergiques faits, est arrivé à être ce qu’il est, une conscience, une voix de justice et une bonté parfaite. Son talent lui-même est le résultat de plusieurs vies de labeur : poète il a bégayé d’abord, puis il est arrivé à être dans cette vie-ci l’auteur dramatique qu’on ne saurait comparer qu’à Shakspeare ; le poète qu’on ne peut comparer à personne, et l’écrivain au-dessus de tous.