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Victor Hugo

Quels noms porta-t-il jadis ?

Ceci est un mystère ! pourtant, suivant la loi fatale, il a dû commencer par l’ignorance et par le mal, puis il aura souffert ; et la souffrance lui a fait lever les yeux vers Dieu, et suivant la loi ascendante, il aura pérégriné à travers les siècles passés ; montant toujours, il est arrivé à être l’homme du XIXe siècle, le grand poète à l’âme voyante.

Il doit avoir passé une ou plusieurs vies en Espagne, il a vécu peut-être un de ces beaux rôles créés par lui dans son théâtre, et ses créations ne seraient que ressouvenances.

Une pensée me vient, elle s’impose à moi, c’est celle-ci : dans une de ses vies, celle sans doute qui a précédé celle qu’il vit dans ce siècle, il a été Jean Milton, le poète républicain dont l’histoire dit : « Son frère vécut heureux, il mourut oublié ; lui vécut misérable, il laissa une mémoire éternelle. »

Il me semble retrouver en Victor Hugo du caractère de Milton ; il me paraît que ces deux personnalités pourraient n’en faire qu’une, modifiée par le milieu et par l’expérience acquise