Page:Audoux - De la ville au moulin.djvu/130

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donne encore quelques détails sur le climat d’ici, et la main sur le loquet, elle nous souhaite le bonsoir et s’en va.

Nous prolongeons notre repas. Valère dit ses espoirs d’avenir dans le travail, il est content de sa nouvelle place, et il parle ainsi de ses patrons :

— Le mari et la femme s’entendent à merveille. Tous deux sont honnêtes et commerçants comme le commerce même.

Il connaît déjà leur vie passée :

— Très jeunes encore ayant les mêmes goûts, ils ont débuté comme marchands ambulants sur les foires et marchés de campagne. Puis l’idée leur est venue de monter une boutique dans une petite ville ; la boutique a prospéré ; ils l’ont vendue pour en monter une autre ailleurs et ainsi de suite. Actifs et adroits, en une trentaine d’années ils ont réalisé une fortune. Mais s’ils ont aimé le travail ils aiment maintenant faire bonne chère, ils restent trop longtemps à table, les employés se moquent d’eux et le commerce périclite.

Et Valère tout heureux ajoute :

— Ma manière de faire leur plaît, et si je réussis à remettre d’aplomb cette maison qui tombe, mes appointements seront doublés et j’aurai des intérêts dans l’affaire.

Comme nous avons prolongé le dîner nous prolongeons la veillée. C’est vraiment aujourd’hui le jour de notre mariage. Nos deux chaises rapprochées devant la cheminée, nous regardons vivre le feu. Il semble qu’il brille ce soir pour notre plaisir et notre repos. Longtemps il déploie ses couleurs éclatantes, et las enfin de tant d’efforts, il