Page:Audoux - De la ville au moulin.djvu/22

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tendis longuement l’oreille à la dure vibration qu’il laissait derrière lui. Il me semblait que mon père et ma mère tenaient le bout d’une chaîne solidement rivée à ma poitrine, et que c’était cette chaîne-là qui se tendait et vibrait si durement dans l’espace.


La nuit passa, lente et sombre. Au dehors rien ne bougeait, et dans la maison, Manine et Clémence dormaient d’un sommeil qu’on eût dit sans souffle. Au milieu du foyer, la cendre bien relevée enveloppait les charbons rouges comme pour les étouffer sans retour, mais de loin en loin, une étincelle vive s’en échappait. Elle restait fixe l’espace d’une seconde sur le fond noir de la cheminée. Et toujours je croyais voir une mystérieuse étoile brillant pour moi seulement, dans un ciel tout chargé d’orage.


Les carreaux de l’imposte s’éclairaient du jour levant, lorsque le sommeil vint enfin me fermer les yeux.