Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/167

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à boire. Inquiète, elle colle son oreille au mur.

C’est bien un malade qui geint, et toujours un nom revient, qu’elle ne peut préciser. Elle hausse la voix et demande si on a besoin de ses soins ; mais il n’y a de réponse que les mêmes plaintes et les mêmes appels. Effrayée un peu, elle va vers la porte du voisin. La clé est à la serrure. Et, comme on ne répond pas, elle entre et se dirige vers la personne qui continue de parler haut. Un homme, presqu’un jeune homme encore, s’agite sur son lit, toutes ses couvertures à terre. Il cligne les yeux devant la petite lampe qu’Églantine avance vers lui. Il fait effort pour se lever et retombe, tandis qu’une de ses mains cherche à atteindre la jeune fille. Elle a peur de cette main, aux doigts exagérément déliés. Elle se tient à distance et regarde ce visage rouge, cette bouche qui respire avec peine, et surtout ce regard qui vacille et ne se pose sur rien. Vite, elle s’en va préparer une boisson, aide à boire le malheureux dont la tête lui semble plus pesante qu’une masse de roc. L’homme boit lentement, les yeux fermés, et, entre chaque gorgée, il implore :

— Christine ! ma petite Christine !