coup toute sa vigueur. Elle pense à un navire du temps passé qui se serait englouti là, et dont les passagers, réveillés par la nouvelle tempête, reprendraient vie et chercheraient à se sauver malgré tout. La mer fait sa voix plus dure, plus haute et plus menaçante encore, comme si, par ses cris, ses hurlements et ses grondements de bêtes enragées, elle s’efforçait de faire taire les voix plaintives de ceux qu’elle garde dans ses profondeurs. Églantine écoute et regarde avec une attention extrême ; quelque chose va sûrement sortir de ce bouillonnement. Soudain deux vagues se dressent comme pour atteindre le ciel. Crochues toutes deux, l’écume aux dents, elles se font face et se frappent avec un bruit semblable à un coup de canon, puis, réunies, telles deux ennemies allant à leur propre perte, elles s’enfoncent et laissent à leur place un vide profond.
— Baissez-vous ! baissez-vous ! dit précipitamment un jeune garçon qu’Églantine aperçoit tout à coup accroupi auprès d’elle.
Il la saisit par sa robe et l’oblige à se courber ; mais elle ne le fait pas assez vite. Du vide profond monte une vague énorme qui grimpe les rochers, arrive sur elle et la jette rudement sur une roche basse et cou-