Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/209

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pante qui menace de lui fendre la poitrine. Cette fois, Églantine a compris le danger. Elle sait que ce torrent écumeux va faire retour à l’instant même et la reprendre au passage pour la descente. Aveuglée, son front touchant terre, elle lance ses pieds autant que ses mains à la recherche d’un point d’appui. Ses pieds ne rencontrent que du sable, mais ses mains sont tout de suite crochetées par d’autres mains dont elle sent à ses doigts les ongles durs et solides comme des crochets de fer.

Et la vague, dans sa colère de ne pouvoir l’entraîner au gouffre, la couvre de sable et de cailloux, et redescend les rochers en sifflant comme une mauvaise bête.

Redressée et tirée vers une encoignure sans danger, Églantine reconnaît Raymond, le fils de Marie-Danièle. Il rit, quoique son visage soit affreusement décoloré ; mais il ne peut empêcher ses lèvres de trembler lorsqu’il dit :

— C’est à vous qu’elle en veut !

Trempé autant qu’Églantine, il se secoue comme un jeune chien, avant d’ajouter :

— J’étais là bien avant vous, et elle n’était pas si méchante.

Il rit en aidant Églantine à se débarrasser de tout ce qui s’est collé à sa robe mouil-