avait plusieurs élèves nouvelles. Toutes répondaient avec empressement à l’appel de leur nom. Mais à l’appel d’Églantine Lumière, personne ne répondit. Il fallut que Mlle Charmes vînt prendre Douce à l’épaule pour la conduire à sa place :
— C’est à vous, petite ! Il faut répondre !
Tout en se laissant conduire, la fillette avait un air si étonné que la maîtresse, un peu bourrue, lui dit :
— Oui, je sais ! Votre nourrice vous appelle Douce, mais ce n’est pas votre nom. Vous vous nommez Églantine, tâchez de ne pas l’oublier !
Ce nom d’Églantine, dont il lui fallait se souvenir à l’école, elle devait l’oublier souvent dans le cours de son existence. Lorsqu’elle était obligée de s’en servir, il lui apparaissait comme un titre dont elle se parait à certains moments. Mais pour elle son vrai nom était Douce, et ceux qui vivaient auprès d’elle oubliaient aussi qu’elle pouvait en porter un autre.
Assise au dernier banc de la classe, elle ne fit aucune attention à ce qui se faisait ou se disait sur les autres bancs. Elle entendit seulement l’ordre de la maîtresse, à l’heure de la récréation :
— Faites jouer les nouvelles !