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Page:Audoux - Marie-Claire.djvu/163

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MARIE-CLAIRE

chaque nom qu’il prononçait les femmes se penchaient à droite ou à gauche avec des sourires.

L’idée de la prière ne me vint même pas. Je regardais prier Martine à genoux. Ses mèches brunes et bouclées sortaient de dessous son bonnet brodé. Elle avait les épaules larges, et son corsage blanc était serré à la taille par un ruban noir. Toute sa personne faisait penser à une chose fraîche et neuve.

Pourtant la supérieure m’avait dit que les bergères étaient des filles malpropres.

Je revoyais Martine au milieu de ses brebis avec sa jupe courte à rayures, ses bas bien tirés et ses sabots recouverts de cuir qu’elle cirait comme des souliers. Cependant elle prenait grand soin de son troupeau, et la fermière affirmait qu’elle connaissait chacune de ses brebis.

À la sortie de la messe, elle me quitta pour courir vers une vieille femme qu’elle embrassa tendrement. Puis je la perdis de vue et restai toute seule, ne sachant où aller.

Pas très loin je voyais l’auberge du Cheval Blanc. Il en sortait un grand bruit de voix et