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MARIE-CLAIRE

épaule, tandis que je passais vivement mon bras autour de sa taille, dans la crainte qu’elle ne m’éloignât d’elle.

Toutes deux, maintenant, nous regardions venir la supérieure. Elle passa devant nous sans lever les yeux, et elle ne parut pas avoir vu le salut plein de gravité que lui fit sœur Marie-Aimée.

Aussitôt qu’elle nous eut dépassées, j’entraînai sœur Marie-Aimée sur le vieux banc. Elle hésita, et dit avant de s’asseoir :

— On dirait que les choses nous attendent.

Elle s’assit, sans s’adosser au tilleul, et je m’agenouillai dans l’herbe à ses pieds.

Ses yeux n’avaient plus de rayons ; on eût dit que les couleurs s’étaient mélangées, et tout son visage, si fin, s’était comme rapetissé, et retiré au fond de sa cornette. Sa guimpe ne s’arrondissait plus comme autrefois sur sa poitrine, et ses mains laissaient voir leurs veines bleues.

Son regard se posa à peine sur la fenêtre de sa chambre ; il passa sur les allées de tilleuls, il fit le tour de la grande cour carrée, et pendant qu’il s’arrêtait sur la maison de la supé-