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Page:Audoux - Marie-Claire.djvu/267

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MARIE-CLAIRE

rieure, elle laissa échapper ces paroles comme un murmure :

— Il faut bien pardonner aux autres, si nous voulons qu’on nous pardonne !

Elle ramena son regard sur moi, et elle dit :

— Tes yeux sont tristes.

Elle passa ses paumes sur mes yeux, comme si elle voulait y effacer une chose qui lui déplaisait ; et, en les retenant fermés, elle dit de la même voix murmurante :

— Tant de souffrances passent sur nous !

Elle retira ses mains pour les mêler aux miennes, et sans me quitter du regard, avec un accent plein de prière, elle me parla :

— Ma douce fille, écoute-moi : ne deviens jamais une pauvre religieuse !

Elle eut comme un long soupir de regret, et elle reprit :

— Notre habit noir et blanc annonce aux autres que nous sommes des créatures de force et de clarté, et toutes les larmes s’étalent devant nous, et toutes les souffrances veulent être consolées par nous ; mais pour nous, personne ne s’inquiète de nos souf-