Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fois, un beau coquillage. Ce dernier exercice semblait particulièrement de leur goût.

La mission du coutre se trouvant terminée, nous donnâmes aux naufrageurs avis de notre prochain départ. Ils m’adressèrent une invitation pour retourner à bord de leurs vaisseaux, et j’acceptai. Ils voulaient me montrer et m’offrir de superbes coraux, des coquilles, des tortues vivantes de l’espèce dite à bec de faucon, et une grande quantité d’œufs. Je ne pus leur faire absolument rien accepter en retour ; seulement ils me remirent quelques lettres, me priant d’être assez bon pour les jeter à la poste à Charlestow. C’était, me dirent-ils, pour leurs femmes, là-bas, dans l’Est. Ils étaient si empressés de faire tout pour m’être agréables, qu’ils proposèrent d’aller eux-mêmes devant la Marion, pour venir la retrouver à l’ancre et m’apporter des oiseaux rares de la côte, dont la retraite leur était connue. Des circonstances tenant au service m’empêchèrent de profiter de leur obligeance ; et ce fut avec un sincère regret, et non sans quelque sentiment d’amitié, que je dis adieu à ces joyeux camarades. Qu’il est différent, me pensais-je, de connaître les choses par soi-même, ou par ouï-dire !

Jamais, avant cela, je n’avais vu de naufrageurs de la Floride, et depuis lors je n’ai plus eu la chance d’en rencontrer ; mais mon ami, le docteur Benjamin Strobel, ayant passé quelques jours au milieu d’eux, a bien voulu me communiquer à ce sujet les pages suivantes, que je vous soumets telles que lui-même les a écrites :

« Le 12 de septembre, étant au port à la clef