Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/112

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sont abâtardies ; ses ailes s’exercent si rarement, qu’elles peuvent à peine le soulever de terre ; mais celui qui naît et reste libre, sur qui la main de l’homme n’a pas pesé, le Canard des marais enfin, voyez comme son vol est puissant et avec quelle rapidité il disparaît au-dessus des bois.

En général, les Canards arrivent dans le Kentucky et les divers États de l’Ouest, depuis le milieu de septembre jusqu’au premier d’octobre, ou dès que le gland et la faîne sont mûrs. Bientôt ils se répandent sur tous les étangs couverts d’herbes ayant des graines. Quelques troupes qui paraissent conduites par un guide expérimenté s’abattent directement sur l’eau, avec un sifflement d’ailes qu’on ne peut comparer qu’au bruit que fait l’aigle en fondant sur sa proie ; tandis que d’autres, comme si elles suspectaient la sûreté de la place, passent et repassent plusieurs fois, avant de se décider à descendre. Dans l’un et l’autre cas, ils commencent par se baigner, se battent les flancs de leurs ailes, et font de courts plongeons entremêlés de telles cabrioles, qu’on les croirait entièrement fous. En réalité, cependant, toutes ces démonstrations, toute cette gaieté, semblent n’avoir pour but que de se débarrasser le corps d’insectes nuisibles ; ensuite, ils veulent exprimer le plaisir qu’ils éprouvent en se trouvant dans un climat plus doux après une journée et une nuit de fatigue ; ils se nettoient et rajustent leur plumage, avant de se mettre à manger. À leur place, tout voyageur n’en ferait-il pas autant ?

Maintenant, vers les rives ombragées, ils nagent par petits pelotons. Voyez-les sauter hors de l’eau pour