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LA PERCHE BLANCHE ET LES ÉCREVISSES.


Les eaux débordées, par suite des premières pluies du printemps, ne sont pas plutôt rentrées dans leur lit, et la température s’est à peine radoucie, qu’on voit nos bois épanouir leurs boutons et leurs fleurs. C’est le moment où la Perche blanche qui, durant l’hiver, a vécu dans l’Océan, commence à remonter les rivières pour chercher les retraites bien connues auxquelles, la saison dernière, elle a confié son frai. Son impétueux élan triomphe de la violence du Mississipi, dont le courant troublé ne peut cependant lui convenir. Elle a hâte d’entrer dans l’un des innombrables affluents qui, pacifiques et limpides, portent au fleuve majestueux le tribut de leurs ondes. Parmi ces derniers, l’Ohio est un de ceux dont la pureté semble surtout lui plaire ; et c’est par troupes et en se jouant, que nos légers poissons s’avancent, le long des rives, jusqu’à ses principales sources. Sur les bancs caillouteux ou couverts de gravier, ils poursuivent leur proie ; tantôt saisissant la moule rampante, et tantôt, avec la rapidité de la flèche, tombant sur un vairon. D’autres fois, à la pointe d’un roc qui penche, ou simplement à côté d’une pierre, ils surprennent quelque écrevisse. Surtout pas d’aliments impurs ! la grondeuse n’y touche