Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/142

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aussi des taupes, des mulots, et parfois même à ce que je pense, des serpents d’assez grande taille. J’en ai ouvert un qui avait dans l’estomac un serpent jarretière de plus de quinze pouces de long.

Ils sont extrêmement farouches, et parfois, il ne faut rien moins que toute la ruse d’un chasseur indien pour mettre en défaut leur surveillance, surtout quand il s’agit de vieux oiseaux. Doués d’une vue très perçante, ils ont l’ouïe d’une merveilleuse finesse : cherchez à vous approcher d’eux, même à la distance d’un quart de mille ; qu’une petite branche craque sous vos pieds, ou simplement armez votre fusil ; aussitôt ils vous voient, ils vous entendent ; à l’instant toute la troupe lève la tête, et le signal du départ est donné. Fermez derrière vous la barrière d’un champ ; de ce moment, vous êtes découvert, et vous ne ferez plus un seul mouvement qui ne soit épié. Une fois qu’ils ont reçu l’éveil, vous aurez beau tenter de les joindre en rampant parmi les grandes herbes, c’est inutile ; à moins que vous ne vous couchiez à plat pour les attendre, sans bouger ni souffler mot, ou que vous ne vous teniez tapi sous quelque arbre touffu, un tas de broussailles ou derrière une grosse souche, vous ferez aussi bien de rester chez vous. En général, ils vous voient longtemps avant que vous les ayez aperçus vous-même, et tant qu’ils croient que vous ne les avez pas remarqués, ils demeurent silencieux ; mais, si par mégarde ou autrement, vous leur donnez à connaître que vous les savez là, sur-le-champ leur cri d’alarme vous avertit que vous ne devez plus compter sur rien ; pour moi, j’aimerais