Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/165

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longue queue ; tandis que l’autre, le Sterne fou qui, par la forme de sa queue et plusieurs de ses habitudes, montre une certaine affinité avec les pétrels, non-seulement se pose très souvent sur la mer, mais encore se laisse aller au gré des vagues, sur les tas flottants des grandes herbes, et saisit, en nageant, le fretin et les petits crabes qui se cachent parmi les tiges ou sous les feuilles.

L’étude que j’ai faite des mœurs de l’oiseau qui nous occupe m’a conduit à penser qu’il diffère matériellement de tout autre espèce du même genre, du moins, parmi celles qu’on rencontre sur nos côtes. Ainsi le Sterne fuligineux ne plonge jamais la tête en bas et perpendiculairement, comme font les petites espèces, telles que le Sterna arctica, le Sterna minuta, le Sterna dougallii ou le Sterna nigra ; mais il passe au-dessus de sa proie, en décrivant une courbe et l’enlève. Je ne puis mieux comparer ses mouvements qu’à ceux du faucon de nuit, lorsqu’il plonge au-dessus de sa femelle. J’ai souvent vu de ces Sternes planant dans le sillage d’un marsouin, tandis que ce dernier poursuit sa proie ; et à l’instant où faisant jaillir les ondes, le cétacé amène à la surface le fretin épouvanté, l’oiseau s’élance dans l’eau bouillonnante et emporte, en passant, un ou deux petits poissons.

Le vol, dans cette espèce, n’est pas non plus flottant et indécis, comme celui des autres que je viens de citer ; il est plutôt ferme et assuré, sauf toutefois lorsque l’oiseau s’occupe à chercher sa nourriture. De même que diverses petites mouettes, je le voyais effleurer les vagues pour y ramasser des morceaux de lard ou d’au-