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Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/232

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tion, tant sous le rapport de ses plumes et de son duvet, que pour sa chair comme article de table ; et je suis persuadé qu’on obtiendrait, sans trop de difficulté, ce résultat si désirable. En captivité, l’Eider se nourrit de diverses espèces de grains, ainsi que de farine trempée, et sa chair alors devient délicieuse. Les femelles stériles que nous prîmes en grand nombre au Labrador, me parurent tout aussi délicates que le canard sauvage. Les mâles étaient coriaces et avaient un goût de poisson ; aussi en mangions-nous rarement, quoique les habitants ne fissent, à cet égard, aucune différence entre les sexes.

Lorsque la femelle est surprise sur son nid, elle s’enlève d’un seul coup d’aile ; mais lorsqu’elle voit l’ennemi à une certaine distance, elle commence par faire quelques pas, puis s’envole. Qu’on passe auprès d’elle sans l’apercevoir, ce qui peut très bien arriver, quand le nid est placé sous les branches rampantes d’un arbre nain, elle ne bouge pas, lors même qu’elle vous entendrait causer. Souvent des personnes de ma société ont ainsi trouvé des nids, en levant les branches des pins ; et elles n’étaient pas moins surprises que le canard qui partait tout à coup, et passait devant elles en poussant un grand cri. Dans ce cas, on le voyait parfois se reposer à quinze ou vingt mètres, puis marcher en boitant et traînant les ailes, comme pour attirer l’ennemi à sa suite. Plus souvent cependant, ils volaient à la mer où, réunis en troupes nombreuses, ils attendaient que leurs importuns visiteurs fussent éloignés. Quand nous en poursuivions sur notre bateau, et qu’ils