Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/297

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et au fait, étant d’eux-mêmes d’un naturel sans malice, et manquant encore d’expérience, ils n’ont pas suffisamment appris à se défier du danger qui les menace, quand un monstre à deux pieds, armé d’un grand fusil, se présente pour la première fois devant eux. Mais, cher lecteur, observez un vieux mâle en pareil cas : voyez comme il se tient tapi sans bouger, sous les larges feuilles de cette grande patience ; ses deux yeux noirs, à fleur de tête, se fixent sur les miens ; il paraît être diminué de moitié, tant il se fait petit ; et le voilà qui, rampant et sans qu’on l’aperçoive, se tire tout doucement d’un autre côté. Bientôt le nez du chien fidèle est sur la voie ; mais, à moins que vous ne soyez d’avance au courant de ses défaites, l’oiseau rusé a grand’chance de vous échapper ; car à ce moment même il s’enfonce parmi les herbes, gagne un tas de broussailles, ne fait que les traverser, et s’enlève à l’improviste d’un endroit où vous ne le guettiez ni vous ni votre chien. Vous êtes surpris, ajustez mal et perdez votre poudre et votre plomb.

On ne manque pas d’amateurs, sans nous compter vous et moi, pour lesquels cette chasse est un vrai plaisir : c’est un exercice sain, mais parfois assez pénible. Vous connaissez, je le suppose, en quels lieux, suivant la saison, il fait bon à chercher ce gibier ; vous savez que, si le temps est au sec depuis plusieurs jours, la Bécasse se retire dans les plaines humides, comme celles qui bordent le Schuylkill ; que, par les grandes chaleurs, elle préfère les marais ombragés ; vous n’ignorez pas qu’après de longues pluies, si le ciel continue à rester