Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/299

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de se voir poursuivie, prend le parti de se jeter au milieu de quelque grand marécage, où ni l’homme ni le chien ne la rejoindront facilement ; et même, si vous approchez, elle ne se lèvera pas, à moins que vous ne marchiez dessus. Le chien quelquefois fait arrêt, lorsqu’il n’en est plus qu’à deux ou trois pouces, et elle se laisse prendre plutôt que de partir. Dans les bois peu garnis, comme sont les landes où croissent les pins, elle fuit souvent tout droit à de longues distances, puis par un circuit revient se poser non loin de la place d’où elle s’est envolée. Elle se montre extrêmement attachée à certains lieux : on a beau la troubler, elle ne les abandonne pas.

Elle vole avec des battements d’aile vifs et continus, et dans ses migrations passe avec une grande rapidité. Je pense qu’elle peut accomplir tout d’une suite de longs voyages ; du moins c’est ce qu’on est porté à croire, en la voyant arriver chaque année de si bonne heure, dans le Maine et le Nouveau-Brunswick. Je ne sais si je me trompe, mais il me semble qu’à cette époque elle vole plus vite que notre perdrix. Tout en avançant ainsi et de distance en distance, elle dévie capricieusement à droite et à gauche. Quand on la lève après qu’elle s’est un instant reposée, elle part sans avoir l’air de se soucier de votre présence, fait lentement quelques pas et s’arrête, puis repart en courant, pour se fouler bientôt de nouveau et attendre que vous soyez éloigné. On la voit, moins souvent que la bécassine, se promener à gué dans l’eau, et jamais elle ne cherche sa nourriture dans les marais salés ni sur les