Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/310

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La Frégate-Pélican vit en société, comme nos vautours. Vous les voyez par bandes plus ou moins nombreuses, suivant les circonstances. De même encore que les vautours, elles passent la plus grande partie du jour à voler, en cherchant leur nourriture ; et ainsi qu’eux enfin, lorsqu’elles sont repues ou qu’elles veulent se percher, elles se rassemblent en troupes considérables, soit pour s’éventer avec leurs ailes, soit pour dormir à côté les unes des autres. Elles se montrent, non moins qu’eux, paresseuses, despotiques et voraces ; elles tyrannisent les oiseaux plus faibles, et dévorent les jeunes de toute espèce en l’absence des parents ; en un mot, ce sont de vrais vautours de mer.

Vers le milieu de mai, époque qui me semblait très tardive pour un climat aussi chaud que les Clefs de la Floride, les Frégates se réunissent par troupes de cinquante à cinq cents couples ou plus. On les voit alors voler à une grande hauteur au-dessus des îles où, depuis nombre d’années, elles ont coutume de nicher. Pendant des heures entières, elles se font la cour, puis se rabattent vers les mangliers où elles se posent, et commencent ensemble à réparer leurs anciens nids, sinon à en construire de nouveaux. Elles se dérobent mutuellement leurs matériaux, et pour s’en procurer d’autres, font des excursions sur les Clefs les plus voisines. Tout en fendant l’air d’une aile légère et comme en se jouant, elles cassent les petites branches sèches des arbres, d’un seul coup de leur bec puissant, et les emportent. C’est en réalité un beau spectacle de les voir, surtout quand il y en a plusieurs, passant et repas-