Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/394

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est hautement désapprouvé par les chasseurs qui affûtent les Canards de dessus les pointes. Durant ces trois dernières années, on a constamment pu voir, sur la rivière dont je parle, un homme dans son bateau, armé d’un long fusil que soutient un porte-mousqueton ; et la quantité de gibier qu’il détruit est immense. Mais ce genre de chasse déplaît si universellement, qu’à diverses reprises on a cherché à couler bas le bateau et le fusil ; et on lui a si souvent envoyé des balles à lui-même, que maintenant ses expéditions ne peuvent plus avoir lieu que la nuit.

» Quant à la chasse au clair de lune, elle est peu pratiquée ; néanmoins, comme les Canards sont en mouvement dans les nuits où cet astre brille, on pourrait aisément les attirer à portée, en les appipant lorsqu’ils volent. En certains lieux, on imite leur cri dans la perfection ; et j’ai vu des oies s’écarter à angle droit de leur route pour venir à cet appel. Le chasseur les amène jusqu’au-dessus de sa tête, où elles planent ; et c’est surtout lorsqu’il emploie un oiseau captif, que la réussite devient certaine.

» Cette chasse, si facile en apparence et si fructueuse, n’en est pas moins une de celles où l’on est le plus exposé au froid et à l’humidité ; et les personnes qui voudront s’en donner le plaisir, sans être munies d’un courage à toute épreuve, reconnaîtront trop tôt que pour un bien il faut affronter mille maux : ramper à travers la boue et la vase, pendant des centaines de pas, et souvent pour ne rien attraper du tout ; ou bien encore, se tenir des heures entières sur une pointe, par une